mardi 4 octobre 2011

Du riz à l'Homme : faut-il remettre en cause les OGM ?


Dans ce post, je vais vous parler d’un article scientifique publié mi-septembre 2011 par une équipe chinoise, dans un journal du groupe Nature. 
 

Le riz est la céréale la plus consommée dans le monde. Il est à la base de l’alimentation de nombreux pays notamment en Asie, Afrique et Amérique du sud. Mais saviez-vous que lorsque vous mangez du riz, vous mangez également de l’information génétique qui peut agir sur votre organisme ?


Petit rappel sur l’information génétique : la base de cette information est l’ADN. L’ADN est présent dans toutes les cellules d’un organisme vivant, et renferme toute  l’information nécessaire au bon fonctionnement de cet organisme. On peut comparer l’ADN à un roman écrit avec uniquement 4 lettres (A, T, C et G) et racontant l’histoire de la vie. Pour que l’organisme puisse lire ce roman, plusieurs étapes sont nécessaires. Tout d’abord ce texte est « transcrit » dans un autre langage, celui de l’ARN messager (ou ARNm). Enfin l’ARNm est traduit en un dernier langage, celui de la protéine.  Les protéines vont alors assurer le bon fonctionnement de l’organisme.  


Des chercheurs ont mis en évidence il y a quelques années, des petits ARN qui ne sont pas traduits en protéines. Il s’agit de microARN (ou miARN). Ces petits ARN vont réguler l’action des protéines en empêchant la traduction ou en détruisant directement les ARNm. Ce sont les gardiens du bon fonctionnement cellulaire. 

Dans l’article dont je voulais vous parler aujourd’hui, Lin Zhang, de l’équipe de Chen-Yu Zhang, a mis en évidence une accumulation d’un microARN dans des cellules humaines, le microARN miR168a.

Rien d’extraordinaire jusque là me direz vous ? Eh bien rappelez-vous le titre de cet article. En fait Zhang a montré, pour la première fois, un transfert d’information génétique entre des cellules végétales (ici le riz) et des cellules de mammifères (homme ou souris). Le plus impressionnant (ou inquiétant selon les points de vue…) c’est que le miR168a végétal va réguler une protéine animale, la LDLRAP1. Cette protéine permet l’évacuation des LDL (lipoprotéines de basse densité) du sang. Or les LDL sont les plus gros transporteurs de cholestérol dans le sang. Une bonne évacuation des LDL par l’organisme, permet de diminuer le taux de cholestérol. Le miR168a va bloquer l’action de la protéine LDLRAP1 et donc entraîner une augmentation des LDL dans le sang.  

Il a ainsi montré que des souris, nourries uniquement de riz, présentaient un taux de miR168a élevé dans leurs cellules, mais également un taux de cholestérol élevé. 

Voici le commentaire de Chen-Yu Zhang sur Livescience.com : « Cette découverte fait forcément réfléchir. Elle met en évidence le fait que, outre le fait de manger du «matériel » sous forme de protéines, de carbohydrates…, vous mangez également de « l’information » ».

Cet article apporte un nouvel élément dans le débat des OGM. En effet jusque là on pensait que l’information génétique présente dans les végétaux ne pouvait pas être transmise à l’homme. Or cet article peut laisser penser le contraire. Cependant, ces résultats restent à confirmer par d’autres études sur cette nouvelle interaction Homme/végétal.

Loin de moi l’idée de rentrer dans le débat, c’est pourquoi vous trouverez ci-dessous, des liens vers un site plutôt favorable aux OGM, créé par les professionnels des semences et de la protection des cultures, et un site plutôt contre, celui de Greenpeace.

Pour en savoir plus :

Illustrations : Wikipédia

7 commentaires:

  1. Merci pour cette présentation.
    Je voulais juste demander, afin de lancer le débat, même si tu ne veux pas: Est-ce que tu peux vraiment considérer le miRNA comme de l'information génétique?
    Disons que moi je vois plutôt ça comme un équivalent d'une protéine régulatrice, mais qui ne va en rien changer l'information initiale de ton génome. Ce que je veux dire simplement c'est que si tu mange un OGM tu ne va pas devenir un OGM.
    Dis moi ce que tu en pense.
    A plus
    Pierr'O

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  2. Merci pour le commentaire Pierr'O

    C'est sûr que le miRNA ne va pas s'intégrer dans le génome et ne va pas changer l'information présente dans tes cellules. Et c'est sûr qu'en mangeant un OGM, tu ne deviens pas OGM.

    Cependant un miARN reste une information de part sa nature.

    Je pense que le message essentiel qu'il faut retenir dans cet article est le fait qu'une information végétale peut réguler une protéine animale. Ceci peut-être inquiétant si l'on regarde du côté des OGM, mais peut aussi être source d'espoir si on regarde le fonctionnement de plantes médicinales sur l'organisme.

    Nos ancêtres utilisaient en effet de nombreuses plantes pour soigner toutes sortes de maladies. Peut-être qu'en regardant de plus près, si des microARN sont impliqués, on pourrait trouver de nouvelles thérapies.

    Vincent

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  3. Ca va relancer de vieilles croyances comme quoi manger le coeur (ou une autre partie) d'un "ennemi" permet d'absorber sa force... xD

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  5. (Je mets le même commentaire que sur votre blog Guillaume)

    Je ne serai pas si catégorique que cela…
    Tout d’abord je ne suis pas anti-OGM, bien au contraire, et je n’ai jamais dit que l’on se transformerait en tomate (quoi que j’aurai bien aimé ).
    J’ai lu l’article que vous avez mis en lien mais celui ci s’avère un peu dépassé, notamment à ce passage : « La digestion de l’ADN et des protéines est initiée dans l’estomac (dans le rumen chez les ruminants). Elle se poursuit dans les intestins. Une fraction des fragments d’ADN digéré peut franchir la barrière intestinale puis continue à être digérée jusqu’à disparition complète. » L’article que vous présentez dans ce post montre bien le contraire.
    En effet comme vous le dites, il n’y a pas de trace d’ADN végétal dans notre génome et heureusement…Cependant les protéines ou ARN non codants produits par l’ADN végétal peuvent, comme l’a montré Lin Zhang, entrer dans nos cellules et interagir avec nos protéines et pourquoi pas réguler notre ADN ou la transcription de l’ADN en ARN (comme c’est le cas des microARNs). Et c’est là le point le plus important de l’article. Or, un des plus fort arguments des lobbying pro-OGM est : « le végétal ne peut pas réguler ou modifier l’animal ». Et cet argument vient d’être démonté par cet article.
    Bien sûr je ne veut pas alimenter les anti-OGM de l’extrême avec mes arguments, mais je veux faire réfléchir sur la nécessité du contrôle strict de la culture OGM, tout en continuant à effectuer des recherches dans le domaine.

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  6. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  7. Guillaume,

    Je vois que vous refusez clairement le débat et ce peut être parce que vous semblez fondamentalement pro-OGM. Avant de critiquer mon travail, qui n’est autre qu’un travail d’ouverture d’esprit en prenant en compte le pour et le contre, je vous invite à lire ces deux chroniques publiées par un directeur de recherche inserm : http://www.liberation.fr/sciences/01012365542-l-humain-vegetalise et celui là publié par un DR CNRS : http://blogs.mediapart.fr/blog/bahram-houchmandzadeh/261011/les-micro-arn-un-pave-dans-la-marre-des-ogm

    Ces deux articles démontrent bien que mon idée n’est pas si loufoque ou confuse et semble être quand même documentée et approfondie.

    Bonne continuation à vous et essayez d’ouvrir votre esprit borné aux arguments. C’est essentiel pour un bloggeur dans le domaine de la vulgarisation scientifique.

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