samedi 19 mai 2012

Liens science et société à l'université de Lyon

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler dans cet article d’une expérience personnelle.

L’université de Lyon (regroupant les 18 établissements d’enseignement supérieur et de recherche de Lyon-St Etienne) a mis en place depuis plusieurs années des modules de formation à destination des jeunes doctorants. Ces cours permettent de s’ouvrir  au monde du travail, d’acquérir de nouvelles compétences ou de préparer notre avenir professionnel.
Le service Science et Société de l’Université de Lyon et le service des Etudes doctorales de l’Udl ont orienté certains modules autour de la création d’un lien entre le monde scientifique et la société. Souvent, au cours de discussion avec des personnes croisées dans la rue ou en regardant les informations, je me rends compte que le monde de la recherche est souvent mal connu, parfois idéalisé et que de nombreuses fausses informations sont véhiculées (exemple récent sur mon dernier article : image 1). Je me suis donc, depuis quelques temps déjà, intéressé à ce lien entre scientifiques et non scientifiques ; c’est pourquoi j’ai suivi deux modules de formation « Science et société » depuis le début de ma thèse et créé ce blog il y a maintenant 8-9 mois, avec pour objectif de comprendre les mécanismes pour rendre le monde de la recherche accessible à tous.

Une sur Fox News...ou comment l'exagération médiatique peut nuire à la science.

Assez parlé de moi. Dans cet article, je vais vous parler de la dernière formation à laquelle j’ai participé, formation menée avec brio par Mélodie Faury, Davy Lorans et Pauline Lachappelle, tous trois membres du service Science et Société. Comme indiqué sur son site internet (lien à la fin de l’article), le service Science et Société est un lieu « d’expérimentation et de modélisation de nouvelles formes de médiation culturelle des sciences et de dialogue avec les différents acteurs de la société ».

En quoi a consisté cette formation ?

Un des objectifs principaux de cette formation a été la présentation des différents acteurs de la société et notamment autour d’un débat sur l’homéopathie proposé par Jean-Philippe Neuville, maître de conférences en sociologie à l’INSA de Lyon. Ce débat a été organisé comme un jeu de rôle, où chacun devait se mettre dans la peau d’un acteur de la polémique. Ceci nous a permis de pouvoir cerner et pourquoi pas comprendre les différents points de vue des personnes impliquées (patients, médecins, labo pharmaceutique…) et m’a personnellement inspiré pour l’article sur l’homéopathie. Nous avons également rencontré Pablo Jensen, fondateur des cafés sciences sur Lyon, qui est revenu sur son expérience avec un peu de nostalgie. Les cafés sciences, pour ceux qui ne connaissent pas, sont des débats scientifiques menés au sein d’un café et accessibles à tous. C’est une manière très intéressante de pouvoir aborder des polémiques ou poser des questions à des spécialistes du sujet. D’ailleurs des cafés sciences sont parfois organisés par le service Science et Société, notamment au cours du projet « Et si on en parlait ? » mené par Pauline Lachapelle. A l’automne 2011, des « cafés sciences et images » avaient été organisés autour du thème « Cerveau, sexe, gènes…sommes-nous vraiment programmés ? » (exemple d'atelier en vidéo). Cette année, le thème du projet est « Alimentation : quels défis nous attendent ? ». Vous trouverez le programme en suivant le lien en fin d’article.


Enfin, nous avons abordé un autre projet au cours de cette formation : la « Boutique des sciences ».
Qu’est ce que la « Boutique des sciences » ?
La première fois que j’ai entendu ce terme, j’ai imaginé un magasin vendant des kits de petits chimistes ou des microscopes pour enfants. Bien sûr j’avais tort !
En fait il s’agit d’un projet, mené par Davy Lorans, permettant de créer un lien entre des chercheurs et des associations confrontées à une problématique scientifique. L’exemple que nous avons étudié au cours de la formation et le suivant : une MJC a créé des jardins partagés dans un quartier proche d’une autoroute. Les membres de l’association aimeraient savoir si ils peuvent consommer les fruits et légumes qu’ils récolteront, si la terre n’est pas trop polluée, mais ils aimeraient également connaître l’impact de ses jardins sur le lien social dans le quartier. Le but de la boutique des sciences est de reformuler ces questions afin de monter un projet avec des chercheurs. Bien sûr il faut que cette question intéresse le laboratoire dans son projet de recherche car les associations ne payent rien et les fonds de recherche étant de plus en plus limité, il est parfois dur de trouver des chercheurs volontaires. Cependant, je pense qu’il est important de créer des liens de cette sorte entre la société civile et les chercheurs. En effet, cela permettra de désacraliser le chercheur qui est  également un citoyen et un civil, mais également cela permettra aux gens d’avoir des réponses scientifiques concrètes sur leurs problèmes.

Pour conclure, ces modules de science et société, adressés à de futurs chercheurs, sont, à mon sens, essentiels. De nos jours, je pense que la séparation scientifique/non scientifique doit être réduite de plus en plus ; les enjeux de la recherche étant de plus en plus importants.

Pour en savoir plus :

-          Site du Service Science et société de l'Université de Lyon : http://www.universite-lyon.fr/science-societe/science-societe-128971.kjsp

-          Blog du projet « Et si on en parlait ? » : http://etsionenparlait.hypotheses.org/

-          Article sur la boutique des sciences : http://www.universite-lyon.fr/science-societe/shopping-particulier--163600.kjsp


mardi 8 mai 2012

Flatulences de dino et réchauffement climatique

Avant de revenir sur Darwin, je vous propose un petit article d’actualité scientifique insolite. Je suis tombé dessus par hasard sur Twitter (sur lequel vous pouvez me suivre d’ailleurs @DessouScience). Il s’agit d’un article sorti dans le journal scientifique Current Biology dont le titre est assez évocateur : « Est-ce que le méthane produit par les sauropodes [dinosaures herbivores quadrupèdes] a entraîné le réchauffement du climat à la période du Mésozoïque ? »

Les sauropodes, comme de nombreux herbivores d’aujourd’hui, devaient héberger une faune microbienne produisant du méthane après fermentation des plantes ingérées. Une équipe de Liverpool s’est intéressée à cette production de gaz à effet de serre. Ils ont estimé qu’un seul animal produisait 2675 litres de méthane par ses flatulences (juste pour comparer, un Homme produit environ 1 Litre de gaz par jour…) et qu’il devait y avoir une densité d’environ 10 adultes par km². En faisant un simple calcul, ils sont arrivés à une production de 520 millions de tonnes de méthane par an !!! Ceci correspond à peu de choses près à la production totale de notre monde industrielle moderne.
La production de méthane par les sauropodes étaient aussi importante que celle de notre monde industriel.
Source : Current Biology

Selon les auteurs : « Le méthane devait sûrement être important dans le réchauffement climatique du Mésozoïque mais également dans la composition en gaz de l’atmosphère. D’ailleurs l’extinction des dinosaures est arrivé en même temps qu’une réduction de la quantité de méthane dans l’atmosphère. »

Bien sûr, contrairement à ce que vous pouvez lire sur le site Fox News par exemple, leurs flatulences n’ont pas entraîné leur extinction…

Pour l’anecdote, en 2008, l’EPA (agence de protection de l’environnement) proposait d’instaurer une taxe sur le pet de vache d’environ 175$ par tête de bétail. Imaginez-vous si les dinosaures étaient encore vivants ? On aurait trouvé un bon moyen d’enrayer la crise en taxant leurs flatulences…

Pour en savoir plus :

-          Article « grand n’importe quoi » sur Fox News : http://www.foxnews.com/scitech/2012/05/07/dinosaurs-farted-their-way-to-extinction-british-scientists-say/
-          Article sur la taxe EPA : http://westinstenv.org/news/2008/11/20/epa-proposes-cow-fart-tax/