mardi 8 novembre 2011

Mendel : imposture du génie ou génie de l’imposture ?

Vendredi, un article, du magasine scientifique Science, révélait les fraudes scientifiques d’un chercheur en sciences humaines hollandais. Le psychologue Diederik Stapel, de l’université  de Tilburg, a été accusé d’avoir falsifié des données dans une douzaine de publications scientifiques depuis 10 ans environ. C’est une des plus grande fraude scientifique récente jamais mise à jour. Mais la fraude, ou la falsification de résultats, a toujours existée en science. Dans ce post, je vais vous raconter l’histoire, quelque peu romancée, de l’imposture d’un génie, ou d’un génie de l’imposture, à vous de décider.

En 1822 naquit, dans un village de l’empire autrichien, un petit paysan du nom de Johann Mendel. Ce dernier s’avéra très vite être un petit garçon plein de ressources et très intelligent. Le prêtre du village décida alors de lui permettre de poursuivre ses études dans un monastère, au sein duquel il sera ordonné prêtre et prendra le prénom de Gregor.
Mendel dans son jardin

Au cours de ses études, il rencontra Franz Unger, botaniste de formation, qui avait un grave problème. Il en fit part à Mendel, probablement dans ces termes : « Ach, je ne comprends pas pourquoi mes petits pois lisses sont devenus ridés à la génération suivante. Peut-être pourrais-tu faire une expérience pour comprendre ce phénomène ? ». Mendel opina du chef. De retour à l’abbaye il créa un jardin expérimental dans lequel il fit pousser des petits pois jusqu’en 1865, année ou il publia ses résultats dans un article intitulé « Recherche sur des hybrides végétaux ».  De ses résultats il en sortit 3 lois qui sont les fondations de la génétique moderne (je reviendrai sur ses lois dans un prochain article).

Jardin expérimental de Mendel - cliché Palais de la Découverte (Paris)
Mais à quel niveau se situe la fraude ? En fait ses résultats furent trop beaux. Les lois que Mendel a décrites sont des lois statistiques. Or Ronald Fisher, mathématicien émérite, démontra en 1936 que les résultats de Mendel étaient beaucoup trop beaux pour être vrais et étaient beaucoup trop proches de la théorie. En 1965, un autre chercheur en biologie, Sir Alister Hardy, démontra à son tour que les résultats de Mendel étaient d’une perfection trop grande pour être réels. La revue d’horticulture Hort Science en 1972 mis en cause Mendel dans un petit article cocasse :

« Au commencement était Mendel, ruminant ses pensées solitaires. Puis il dit : « Qu’il y ait des pois » et il y eut des pois, et cela était bon.  Puis il mit ces pois dans le jardin et leur dit : « Croissez et multipliez-vous (…)» Ainsi firent-ils et cela était bon. (…) Puis advint que Mendel rassembla ses pois et les sépara en graines rondes et ridées (…) il vit alors qu’il y avait 450 pois ronds et 102 pois ridés. Cela n’était pas bon. Car la loi stipule qu’il doit y avoir 3 ronds pour un ridé. Mendel, pris d’un juste courroux, frappa sur la table et dit : « Eloignez-vous de moi, pois maudits et diaboliques, retournez dans les ténèbres où vous serez dévorés par les rats et les souris ! » et il en fut ainsi ; il ne resta plus que 300 pois ronds et  100 pois ridés, et cela était bon. Excellent, même. Et Mendel le publia. »
Alors pourquoi la génétique moderne s’est-elle basée sur une fraude ? Eh ben tout simplement parce que l’hypothèse de Mendel était tout à fait exact ! Il aurait donc un peu modifié ses résultats pour coller parfaitement avec son hypothèse. Malgré cela Mendel reste un des plus grands scientifiques de l’Histoire. Comme quoi l’habit ne fait pas le moine…

Soupe de petit pois au menu...

Pour en savoir plus :
- Livre : "L'imposture scientifique en 10 leçons" par Michel de Pracontal
- Article sur le chercheur hollandais accusé de fraude : http://www.sciencemag.org/content/334/6056/579.summary

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