jeudi 15 décembre 2011

Et si nous n'étions pas seuls dans l'univers ?

Et si nous n’étions pas seuls ?
Bernard Werber disait dans un de ses livres : « Cette planète était notre berceau mais nous l'avons saccagée. Nous ne pourrons plus jamais la soigner et la retrouver comme avant. Quand la maison s'effondre il faut partir. Recommencer tout, ailleurs et autrement. Actuellement je crois que le Dernier Espoir c'est... la fuite. »
Peut-être avons nous enfin trouver une planète habitable pour « fuir » au cas où la Terre devenait invivable. Il s’agit de Kepler-22b, une exoplanète découverte par le télescope spatial Kepler. Cette planète est environ 5 fois plus grande que notre planète bleue et effectue le tour complet autour de son soleil en 290 jours. Elle se situe dans ce que les astronomes appellent la zone d’habitabilité (cf photo 1), et pourrait donc contenir de l’eau à l’état liquide. Le hic c’est qu’elle se situe à 600 années lumières et que pour l’instant…
Kepler 22b se situe dans la zone d'habitabilité de son soleil - image NASA
…l’Homme n’est même pas capable d’envoyer des crustacés sur Phobos, une des lunes de Mars. Début novembre, la Russie a lancé une sonde (Phobos-Grunt, cf photo) en direction de ce petit satellite martien afin de récolter des échantillons pour les ramener sur Terre. Phobos-Grunt transportait à son bord des bactéries, des plantes, des insectes et des crustacés. Le décollage s’est bien déroulé mais le moteur de la sonde ne s’est pas allumé et n’a donc pas pu la faire sortir de l’orbite terrestre. Plusieurs tentatives de redémarrage ont eu lieu à partir de différentes antennes, notamment celle de la station australienne de l’ESA (agence spatiale européenne), mais elles se sont toutes soldées par un cuisant échec. Les russes ont donc réussi à envoyer quelques crabes en orbite (ils doivent bien s’amuser à tourner autour de la Terre…) pour 163 millions de dollars. Cela a du bien faire rire les klépériens 22b qui…
Dessin de Phobos-Grunt sur le satellite Phobos. Image Roscosmos
…nous observaient peut être à bord de leur vaisseau spatial découvert en orbite autour de notre vieux soleil. Une vidéo, obtenue par des sondes de la mission STEREO de la NASA, a fait le buzz début décembre. Si l’on en croit ce que dit le commentateur, l’éruption solaire et l’éjection de plasma chaud filmées auraient mis à jour un vaisseau interstellaire, de la taille de Mercure, en perturbant son système d’invisibilité. Cependant deux ingénieurs de la mission STEREO, interrogés sur ces images ont affirmé que ce que l’on voyait apparaître comme étant un potentiel vaisseau n’était en fait qu’un artéfact du traitement d’image. Et puis de toute façon on a quelques crabes pour nous protéger en première ligne. Bon, on est pas près de les rencontrer ces extra-terrestres. Et puis de toute façon est ce qu’ils existent ? Si oui ils doivent bien…
Est-ce un vaisseau extra-terrestre ou un artéfact dû au traitement d'image ?
…s’éclairer, non ? C’est sur ce postulat que Avi Loeb et Edwin Turner, deux astronomes et astrophysiciens, ont proposé d’essayer de détecter l’éclairage public des cités extraterrestres. Après le programme Seti qui tente depuis 50 ans de détecter les ondes radios de civilisations d’aliens, pourquoi pas un programme OSeti (Optical Seti) ? Affaire à suivre.

Pour conclure, je vous laisse réfléchir sur cet autre passage d’un des romans de B. Werber :
« Mais si nous étions seuls ? Vraiment seuls ? S'il n'y avait rien d'autre de vivant et d'intelligent dans l'infini de l'espace ? Si toutes les planètes étaient comme celles que l'on peut observer dans le système solaire... trop froides, ou trop chaudes, constituées de magmas gazeux ou d'agglomérats rocheux ? Si l'expérience terrestre n'était qu'une suite de hasards et de coïncidences tellement extraordinaires qu'elle n'aurait jamais eu lieu ailleurs ? Si ce n'était qu'un miracle unique et non reproductible ? Cela voudrait dire que si nous échouons, si nous détruisons notre planète (et nous en avons depuis peu la possibilité par le nucléaire, la pollution, etc...), il ne subsistera plus rien. Après nous, peut-être que « the game is over » sans aucune possibilité de rejouer la partie. Peut-être sommes-nous l'ultime chance. Alors notre faute serait énorme. »
Pour en savoir plus :

- 1er extrait de B. Werber : Le papillon des étoiles : http://www.decitre.fr/livres/Le-Papillon-des-Etoiles.aspx/9782253123729
- 2ème extrait de B. Werber : Nous, les dieux : http://www.decitre.fr/livres/Le-Cycle-des-Dieux-Tome-1-Nous-les-Dieux.aspx/9782253117285
- Site de la NASA : http://www.nasa.gov/

dimanche 4 décembre 2011

SIDA : où en est la recherche ?

30 ans. 30 ans que cette maladie existe et les premières pistes de traitement préventif commence à pointer le bout de leurs nez.

Le SIDA (ou Syndrome d’Immunodéficience Acquise) a fait sa première apparition en 1981. En 1983, les chercheurs Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi isolent le virus, le combat commence. Aujourd’hui, on ne décède plus du SIDA, le traitement par trithérapie est abordable financièrement et les personnes atteintes du SIDA peuvent avoir un enfant sain. Cependant, en 2010, plus de 6200 cas de séropositivité ont été détectés en France et environ 2 millions de personnes sont infectées dans le monde tous les ans: le virus se propage toujours.
La recherche est-elle sur le point de gagner ?
Où en est la recherche ? Deux nouvelles pistes de traitements ont été publiées dans Nature peu avant la journée mondiale de lutte contre le SIDA le 1er décembre dernier.

1.       La découverte de nouveaux anticorps pouvant bloquer le virus du SIDA.
Certains malades développent une meilleure réponse immunitaire que d’autres au virus du SIDA. L’équipe du Pr. Denis Burton, du Scripps Institute en Californie, a étudié les anticorps produits par 4 de ces patients «résistants ». Ils ont ainsi isolés 17 nouveaux types d’anticorps dont certains se sont révélés 10 fois plus efficaces à bloquer le VIH que ceux déjà découverts. L’anticorps « neutralisant » se lie au virus et l’empêche ainsi d’entrer dans les cellules lymphocytaires du malade (les cellules lymphocytaires jouent un rôle majeur dans les réponses immunitaires de l’Homme).

2.       L’utilisation de la thérapie génique en traitement préventif : 100% efficace chez des souris.
L’équipe de David Baltimore (prix Nobel de médecine en 1975), du California Institute of Technology (Caltech), a publié des résultats intéressants dans la revue scientifique Nature du 30 novembre dernier. Ces chercheurs ont réussi à protéger des souris contre une infection au VIH. Comment ont-ils fait ? Ils ont introduit, dans un des muscles de plusieurs souris, une petite séquence d’ADN permettant de produire des anticorps.  Ces anticorps se sont avérés grandement efficaces, notamment le b12 et VRC01 qui ont permis de protéger les souris contre des infections 100 fois supérieures à une infection naturelle. Après 52 semaines d’études, le niveau d’anticorps produits est resté assez élevé pour empêcher une nouvelle infection.

Mais est ce qu’une thérapie génique « préventive » de l’Homme est vraiment nécessaire ? David Baltimore répond à cette question : « On peut se demander si cela est nécessaire car c’est quelque chose qui sort de l’ordinaire. Mais aucune alternative n’existant pour le moment, on doit réfléchir à de nouvelles thérapies pour protéger les gens de cette maladie (…) On a montré que ce traitement marche chez des mammifères (souris et singe). On peut maintenant commencer à envisager des tests sur l’Homme. »
Cependant, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Dans certains cas, la souris et le singe peuvent nous jouer de mauvais tours, les résultats obtenus sur ces mammifères sont parfois bien différents de ceux obtenus chez l’Homme.
La souris peut parfois jouer de mauvais tour...
Pour en savoir plus :

L'article n°1 : http://www.nature.com/nature/journal/v477/n7365/full/nature10373.html
L'article n°2 : http://www.nature.com/news/gene-therapy-can-protect-against-hiv-1.9516#/b1
Le site du Sidaction : http://www.sidaction.org/

samedi 26 novembre 2011

Des super-souris créées par l’inactivation d’un gène.

Qui n’a jamais rêvé avoir la force de Superman ?
Deux études récentes ont montré que l’inactivation d’un gène permettrait à des souris d’avoir des muscles plus puissants et mieux constitués.  Ces résultats ont été publiés, par une équipe de Lausanne en collaboration avec une équipe du Salk Institute de San Diego, dans le magasine scientifique Cell.

Au cours de leurs expériences, l’équipe du Pr. Auwerx a diminué l’expression du gène NCoR1 dans les muscles squelettiques (quadriceps, muscle soléaire (jambe), …) par une méthode de biologie moléculaire. Les souris ainsi créées ont des muscles un peu plus gros (la taille d’une fibre musculaire passe de 30µm à 40µm), sont capables de courir plus longtemps (80 min contre 60) sur une plus longue distance (800 m contre 1200m environ). Enfin, ils ont montré que le nombre de mitochondries (un des constituants d’une cellule, permettant de transmettre l’énergie au muscle) était nettement plus important dans les muscles des souris où le gène NCoR1 a été inactivé. Tous ces résultats ont été constatés également auprès des nématodes, ce qui permet aux chercheurs d’affirmer que leurs conclusions peuvent s’appliquer à un large spectre d’êtres vivants.

Schéma d'une cellule avec représentation des mitochondries
Dans une autre étude publiée le même jour dans Cell, l’équipe de Jerrold Olefsky a inactivé le gène NCoR1 dans du tissu adipeux. Cette expérience a eu des résultats inattendus : les souris sont devenues obèses (53g contre 45g en moyenne) mais non diabétiques, ce qui, selon le Pr. Auwerx, est anormal pour une souris de ce gabarit. D’autres expériences ont permis de montrer que ces souris étaient beaucoup plus sensibles à l’insuline, ce qui pourrait expliquer cette absence de diabète.
L’inactivation du gène NCoR1 dans les muscles et les graisses n’a pas entraîné d’effets secondaires néfastes pour l’organisme. Les équipes de scientifiques se sont lancés alors à la recherche de petites molécules médicamenteuses permettant d’inactiver ce gène de manière ciblée pour traiter des problèmes musculaires ou de diabète. «La fragilité musculaire des personnes âgées, qui conduit à des chutes et à une part très importante des hospitalisations, pourrait ainsi être combattue, souligne Johan Auwerx. De même, nous pensons que cela peut être à la base d’un traitement visant les dystrophies musculaires d’origine génétique.»
Cependant attention à la dérive car comme le souligne le Pr. Auwerx : «Il incombera aux autorités de surveillance anti-dopage de veiller à ce qu’il ne soit pas fait un usage contestable (de ces petites molécules)».
Interview du Pr. Auwerx à l'EPFL. Vidéo en anglais.

Pour en savoir plus :
(Vous trouverez des liens pour les deux articles dont j'ai parlé dans ce post.)

jeudi 17 novembre 2011

Don de moelle osseuse: quelles sont les alternatives ?

Vendredi dernier, l’émission allo docteurs sur France 5 traitait de la greffe de moelle osseuse. Voulant en savoir plus, j’ai trouvé un article, publié dans le journal scientifique Stem Cells en octobre dernier, décrivant les alternatives au don de moelle osseuse.
Qu’est ce que la moelle osseuse ?
Comme son nom l’indique, la moelle osseuse est présente au centre des os. Elle contient des cellules souches hématopoïétiques. Ces cellules sont à l’origine de toutes les cellules sanguines (globules blancs, globules rouges et plaquettes). Les globules blancs sont à la base du système immunitaire de notre organisme, système qui a son importance avec ce froid hivernal pour nous protéger contre les infections ou autres maladies. Chaque jour la moelle osseuse produit 350 milliards de ces cellules sanguines.

Dessin des diffèrents types de cellules sanguines

A quoi sert le don ?
50 000 personnes par an reçoivent des cellules souches hématopoïétiques par greffe de moelle osseuse, afin de guérir de diverses maladies (leucémies, lymphomes ou myélomes…) ou afin de refaire leur système immunitaire notamment après des radiothérapies. Dans le monde, il y a 11 millions de donneurs mais 1/3 des malades ne trouvent pas de donneurs compatibles. Ceci s’explique par le fait qu’il faut une très forte compatibilité donneur/receveur pour éviter que les cellules du malade ne soient attaquées par les cellules du système immunitaire qu’il a reçu en greffe. En effet ces cellules pourraient considérer l’organisme receveur comme un agent malveillant et le détruire ; c’est le processus des maladies auto-immunes.
Processus du don de moelle osseuse
Quelles sont alors les alternatives ?
Une des alternatives, suscitant le plus d’espoir, est la greffe de cellules sanguines issues d’un cordon ombilical. Les avantages de cette méthode sont multiples :
-          Diminution du risque de transmission de maladies infectieuses par le sang
-          Facilité de collecte, beaucoup moins douloureux que le don de moelle osseuse
-          Plus forte chance de compatibilité donneur/receveur car le système immunitaire du nouveau né est encore peu développé.
Cependant, le don de sang de cordons ombilicaux est encore à ses prémices et la capacité de stockage de ces cordons est encore très faible. Aujourd’hui, il y a en moyenne 15 000 greffes de cellules souches hématopoïétiques à partir de cordon ombilical par an. Espérons un fort développement dans les années à venir.
Une autre alternative, encore en rodage, est la possibilité de fabriquer des cellules iPS à partir de cellules du malade ou à partir de cellules sanguines du cordon ombilical. En gros on prend une de ces cellules, on la transforme en cellule dite iPS, capable de produire toutes les cellules d’un organisme adulte (muscle, neurones…), puis on re-transforme cette cellule en cellule souche hématopoïétique qu’on pourra greffer au malade. Je reviendrai sur les iPS dans un autre post car elles méritent à elles seules un joli article. Cette dernière alternative est encore uniquement au stade expérimental.


EDIT du 15/03/2012 : 


A partir du lundi 19 mars 2012 et jusqu'au dimanche 25 mars 2012, va avoir lieu la 7ème semaine nationale du don de moelle osseuse. Mon blog dessous de sciences s'associe avec la communauté des veilleurs de vie pour informer sur la nécessité du don et sur les alternatives au don de moelle osseuse. Vous trouverez dans la colonne de droite, un lien direct sur la photo pour devenir donneur et ci-dessous, la bande annonce du petit film participatif tourné par les veilleurs de vie. 




Pour en savoir plus :
-          Lien de l’émission allo docteur : http://www.france5.fr/sante/allo-docteurs/emission/2011-11-11
-          Un site dédié au don de moelle osseuse : http://www.dondemoelleosseuse.fr/
-          Un site dédié au don de sang de cordon ombilical : http://www.sangdecordon.org/
-          L’article dans Stem Cells sur les alternatives au don de moelle osseuse : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/stem.770/abstract

mardi 8 novembre 2011

Mendel : imposture du génie ou génie de l’imposture ?

Vendredi, un article, du magasine scientifique Science, révélait les fraudes scientifiques d’un chercheur en sciences humaines hollandais. Le psychologue Diederik Stapel, de l’université  de Tilburg, a été accusé d’avoir falsifié des données dans une douzaine de publications scientifiques depuis 10 ans environ. C’est une des plus grande fraude scientifique récente jamais mise à jour. Mais la fraude, ou la falsification de résultats, a toujours existée en science. Dans ce post, je vais vous raconter l’histoire, quelque peu romancée, de l’imposture d’un génie, ou d’un génie de l’imposture, à vous de décider.

En 1822 naquit, dans un village de l’empire autrichien, un petit paysan du nom de Johann Mendel. Ce dernier s’avéra très vite être un petit garçon plein de ressources et très intelligent. Le prêtre du village décida alors de lui permettre de poursuivre ses études dans un monastère, au sein duquel il sera ordonné prêtre et prendra le prénom de Gregor.
Mendel dans son jardin

Au cours de ses études, il rencontra Franz Unger, botaniste de formation, qui avait un grave problème. Il en fit part à Mendel, probablement dans ces termes : « Ach, je ne comprends pas pourquoi mes petits pois lisses sont devenus ridés à la génération suivante. Peut-être pourrais-tu faire une expérience pour comprendre ce phénomène ? ». Mendel opina du chef. De retour à l’abbaye il créa un jardin expérimental dans lequel il fit pousser des petits pois jusqu’en 1865, année ou il publia ses résultats dans un article intitulé « Recherche sur des hybrides végétaux ».  De ses résultats il en sortit 3 lois qui sont les fondations de la génétique moderne (je reviendrai sur ses lois dans un prochain article).

Jardin expérimental de Mendel - cliché Palais de la Découverte (Paris)
Mais à quel niveau se situe la fraude ? En fait ses résultats furent trop beaux. Les lois que Mendel a décrites sont des lois statistiques. Or Ronald Fisher, mathématicien émérite, démontra en 1936 que les résultats de Mendel étaient beaucoup trop beaux pour être vrais et étaient beaucoup trop proches de la théorie. En 1965, un autre chercheur en biologie, Sir Alister Hardy, démontra à son tour que les résultats de Mendel étaient d’une perfection trop grande pour être réels. La revue d’horticulture Hort Science en 1972 mis en cause Mendel dans un petit article cocasse :

« Au commencement était Mendel, ruminant ses pensées solitaires. Puis il dit : « Qu’il y ait des pois » et il y eut des pois, et cela était bon.  Puis il mit ces pois dans le jardin et leur dit : « Croissez et multipliez-vous (…)» Ainsi firent-ils et cela était bon. (…) Puis advint que Mendel rassembla ses pois et les sépara en graines rondes et ridées (…) il vit alors qu’il y avait 450 pois ronds et 102 pois ridés. Cela n’était pas bon. Car la loi stipule qu’il doit y avoir 3 ronds pour un ridé. Mendel, pris d’un juste courroux, frappa sur la table et dit : « Eloignez-vous de moi, pois maudits et diaboliques, retournez dans les ténèbres où vous serez dévorés par les rats et les souris ! » et il en fut ainsi ; il ne resta plus que 300 pois ronds et  100 pois ridés, et cela était bon. Excellent, même. Et Mendel le publia. »
Alors pourquoi la génétique moderne s’est-elle basée sur une fraude ? Eh ben tout simplement parce que l’hypothèse de Mendel était tout à fait exact ! Il aurait donc un peu modifié ses résultats pour coller parfaitement avec son hypothèse. Malgré cela Mendel reste un des plus grands scientifiques de l’Histoire. Comme quoi l’habit ne fait pas le moine…

Soupe de petit pois au menu...

Pour en savoir plus :
- Livre : "L'imposture scientifique en 10 leçons" par Michel de Pracontal
- Article sur le chercheur hollandais accusé de fraude : http://www.sciencemag.org/content/334/6056/579.summary

dimanche 30 octobre 2011

Le putter hanté, ou comment mieux jouer au golf ?

Quelques jours avant Halloween, et après l’article sur les zombies, je vais vous parler du putter hanté. Savez-vous qu’un club de golf ayant appartenu à un ancien golfeur permet de mieux réussir ses coups ? C’est ce que vient de montrer un article publié dans PlosOne le 20 octobre dernier.
Charles Lee et son équipe ont proposé à  41 étudiants de l’université de Virginia (Etats-Unis), amateurs de golf, de pratiquer leur sport préféré. Pour cela, ils ont été séparés en deux groupes : ceux jouant avec un putter acheté en magasin et ceux jouant avec le même putter mais ayant soi-disant appartenu à un joueur de golf professionnel, Ben Curtis (photo).  Bien sûr les deux putters ont été achetés au même magasin et sont strictement identiques.
Ben Curtis - Photo BBC
Par la suite, tous les participants se retrouvent sur le même parcours d’entraînement. Et là, Lee leur a demandé quelle taille faisait selon eux le trou devant eux : les joueurs ayant le putter du « pro » le trouvait plus grand que les autres étudiants (9,60 cm contre 8,75cm). De la même façon ces joueurs ont réussi plus de coups que ceux ayant le putter de magasin (5,30 putts réussis en moyenne contre 3,85 sur 10).

Cependant l’expérience n’explique pas le pourquoi du comment. Selon Lee et son équipe, cela pourrait être dû à une plus grande confiance des golfeurs en leur matériel, du fait qu’il ait appartenu à un professionnel, et par la suite en leurs compétences. On parle alors de contagion positive. Paul Rozin, psychologue à l’université de Pennsylvanie, décrit ce phénomène par le fait que certaines personnes sont persuadées qu’un objet est « hanté » par son précédent propriétaire et que le fait d’utiliser cet objet va modifier leurs comportements et compétences. Est-ce que si j’utilise le crayon d’Einstein je gagnerai un prix Nobel ? Je n’en suis pas convaincu. En tout cas une chose est sûre, jamais je n’utiliserai le club de Tiger Woods (photo).
Dessin issu du blog de na!

Pour en savoir plus :
- L'article : http://www.plosone.org/article/info:doi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0026016
- Le blog de na! : http://www.dessinateur.biz/blog/

dimanche 23 octobre 2011

Le zombie et le scientifique

Hier, à Lyon, avait lieu un rassemblement de « morts-vivants » dans le cadre de la 5ème édition du Zombie Day (photos ci-dessous). A cette occasion, j’ai voulu écrire un article sur des recherches scientifiques effectuées sur ce sujet. 
Les zombies ont toujours fasciné les scientifiques. En 1988, un article, publié dans le magazine Science, et intitulé « Voodoo Science », raconte l’histoire d’un botaniste d’Harvard, Wade Davis, et de son « chef », Nathan Kline. Ce dernier demanda à Davis d’aller en Haïti afin de percer le mystère de la poudre de zombie. Kline était en effet persuadé que les morts-vivants existaient, notamment après avoir rencontré Clairvius Narcisse, un haïtien se disant ancien « esclave zombie » pendant plus de 18 ans.
Davis alla donc à Haïti récupérer de la poudre de zombie auprès de sorciers vaudous. Après analyse, il a mis en évidence la présence de tetrodotoxin (TTX), un poison issu des poissons globe (photo n°2). La TTX peut, selon Davis, entraîner un état proche de la mort et donc ainsi permettre de faire croire au retour à la vie des morts.
Photo n°2 : Poisson globe de la famille des Tetraodontidae
Photo Max Mongongnon
Les symptômes d’ingestion de TTX sont les suivants :
-          Atteintes du système nerveux, paralysie
-          Pâleur
-          Cyanose
-          Hypothermie
De quoi se faire passer pour mort…Lors des rites vaudous de zombification, des haïtiens, condamnés par la justice, devaient ingurgiter cette poudre de zombie, puis étaient réanimés grâce à une décoction de plantes, telles que le datura, contenant de l’atropine (photo n°3). L’atropine permet de contrer les effets de la TTX. Enfin on leur administrait divers psychotropes afin de leur ôter toute volonté…Ainsi ils devenaient des « zombies » et étaient utilisés en tant qu’esclaves.
Photo n°3 : Datura
Photo - Roger Jouet
D’autres études plus récentes et plus loufoques sur les zombies ont aussi été publiées dans divers journaux scientifiques. C’est notamment le cas de l’étude du mathématicien Robert Smith , de l’université d’Ottawa. Ce dernier a mis au point un modèle mathématique qui prédit la conquête d’une ville de 500 000 habitants par des zombies contagieux en moins de 4 jours…On peut se demander pourquoi il n’a pas eu l’IgNobel de mathématiques
Voilà un petit article pour vous faire frémir à une semaine d’Halloween !
NB : Au Japon, la TTX est reconnue comme étant la première cause d’intoxication alimentaire mortelle (Entre 20 et 100 morts par an dues à l’ingestion de poisson Fugu).
Pour en savoir plus :
-          Article n°2 sur les mathématiques zombies : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2789162/?tool=pubmed
-          Article décrivant les rites zombies vaudous sur wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Zombie_%28mort-vivant%29
-          A voir ou à lire : The Walking Dead de Kirkman.


mercredi 19 octobre 2011

L'atelier du peintre préhistorique

Il y a 100 000 ans, l’Homme était dans le paléolithique moyen, période au cours de laquelle il commença à utiliser des outils retravaillés. Une fouille archéologique à Blombos Cave (Afrique du sud), dont les résultats ont été publiés dans Science le 17 octobre dernier, a permis la découverte d’un nécessaire à peinture datant de cette période.
Ce nécessaire était composé d’un coquillage de genre Haliotis (photo) contenant des traces d’ocre, d’os d’animaux sur lesquels se retrouvent également des traces d’ocre et des morceaux de quartz.

La "palette du peintre" - coquillage de genre Haliotis découvert à Blombos Cave
sources : Science/AAAS

Le plus intéressant est le résultat des analyses chimiques et microscopiques qu’ils ont effectué sur les résidus d’ocre. Elles ont révélées que ce dernier était composé de deux types différents d’ocre, de graisse issue d’os de phoque cuits au préalable, de fragments de quartz et de liquide. Selon C. Henshilwood, les Hommes présents à cette période « avaient des connaissances élémentaires de chimie » :
« Ils semblaient savoir que les os de phoques étaient naturellement riche en graisse et en huile, deux composants essentielles d’une peinture…Ils semblaient également savoir que l’ajout de charbon et d’eau permettait de la stabiliser. », selon l’archéologue.
La découverte d’un deuxième coquillage a permis de découvrir que l’« artiste de l’époque » était capable de jouer sur les nuances de couleur en ajoutant d’autres composants dans sa mixture comme de la goethite, un minéral de couleur jaune.
Enfin cette découverte est, selon Henshilwood, une preuve supplémentaire que l’Homo Sapiens vient d’Afrique, qu’il était capable de faire des réserves pour l’avenir et d’utiliser des récipients.

Pour en savoir plus :
L'art préhistorique : http://fr.wikipedia.org/wiki/Art_pr%C3%A9historique
Livres sur la période : Les enfants de la terre - Jean Auel 

samedi 15 octobre 2011

Histoire : les cellules souches embryonnaires

Après cette petite pause rédactionnelle, je vais vous raconter mon début de semaine fort instructif. J’ai posé mes valises lundi à Cardiff pour un congrès scientifique sur mon domaine de prédilection : les cellules souches embryonnaires. J’ai eu la chance de rencontrer là bas de grands chercheurs dont je vais vous parler dans ce post.  
En 1981, Martin Evans (prix Nobel de médecine 2007) et Gail Martin ont isolé les premières cellules souches embryonnaires de souris (ou cellules ES). Mais que sont les cellules souches embryonnaires ?

Martin Evans au congrès de Cardiff - Octobre 2011 - Photo Pierr'O

Au tout début de sa création, l’Homme n’est qu’une cellule : l’œuf fécondé, créé par la rencontre d’un spermatozoïde et d’un ovule. Cet œuf se divise en 2 cellules, puis ces 2 cellules en donnent 4, puis 8…jusqu’au stade morula contenant environ 30 cellules. Morula signifie mûre en latin car comme le montre bien l’illustration suivante, à ce stade l’embryon ressemble à ce fruit.
L’embryon change ensuite de forme. Une cavité apparaît (le blastocèle) et les cellules qui vont donner le futur individu se regroupent en ce qu’on appelle la masse cellulaire interne. Le tout est entouré par les cellules du trophoblaste qui vont former le placenta. A cette étape, l’embryon est appelé blastocyste. Le développement de la souris et de l’Homme ne diffèrent pas dans ces premiers stades.
Martin Evans et Gail Martin ont récupéré les cellules de la masse cellulaire interne et les ont mis en culture dans des boîtes en plastique. Gail Martin leur donna le nom de « cellules souches embryonnaires ». Ces cellules ont 2 propriétés intéressantes :
1.       Elles sont pluripotentes, c'est-à-dire qu’elles peuvent donner tous les tissus d’un organisme adulte (neurones, muscles, peau…)
2.       Elles s’auto-renouvellent, c'est-à-dire qu’elles se multiplient à l’infini tout en restant pluripotentes.
En 1984, l’équipe d’Evans a montré que ces cellules, injectées dans des embryons au stade blastocyste, permettaient la formation de chimères. Dans l’illustration suivante, des cellules ES de souris brunes sont injectées dans un embryon de souris blanche. On obtient alors une souris chimère brune et blanche. Si cette souris a de nouveau une descendance, elle aura une portée de souris entièrement brunes et d’autres entièrement blanches. C’est ce qu’on appelle des chimères germinales.
Voilà pour ce premier post sur les cellules souches embryonnaires. Dans de futurs articles sur ce sujet, je vous parlerai des iPS de Yamanaka, de la caractérisation des gènes clés de la pluripotence de Chambers et Smith, et d’autres découvertes importantes de ce domaine.
Pour en savoir plus :
-  Article très intéressant sur le pourquoi des recherches sur l’embryon humain écrit par John De Vos , chercheur et responsable de l’unité thérapie cellulaire de l’hôpital Saint Eloi à Montpellier : http://www.cndp.fr/magphilo/index.php?id=83

mardi 4 octobre 2011

Du riz à l'Homme : faut-il remettre en cause les OGM ?


Dans ce post, je vais vous parler d’un article scientifique publié mi-septembre 2011 par une équipe chinoise, dans un journal du groupe Nature. 
 

Le riz est la céréale la plus consommée dans le monde. Il est à la base de l’alimentation de nombreux pays notamment en Asie, Afrique et Amérique du sud. Mais saviez-vous que lorsque vous mangez du riz, vous mangez également de l’information génétique qui peut agir sur votre organisme ?


Petit rappel sur l’information génétique : la base de cette information est l’ADN. L’ADN est présent dans toutes les cellules d’un organisme vivant, et renferme toute  l’information nécessaire au bon fonctionnement de cet organisme. On peut comparer l’ADN à un roman écrit avec uniquement 4 lettres (A, T, C et G) et racontant l’histoire de la vie. Pour que l’organisme puisse lire ce roman, plusieurs étapes sont nécessaires. Tout d’abord ce texte est « transcrit » dans un autre langage, celui de l’ARN messager (ou ARNm). Enfin l’ARNm est traduit en un dernier langage, celui de la protéine.  Les protéines vont alors assurer le bon fonctionnement de l’organisme.  


Des chercheurs ont mis en évidence il y a quelques années, des petits ARN qui ne sont pas traduits en protéines. Il s’agit de microARN (ou miARN). Ces petits ARN vont réguler l’action des protéines en empêchant la traduction ou en détruisant directement les ARNm. Ce sont les gardiens du bon fonctionnement cellulaire. 

Dans l’article dont je voulais vous parler aujourd’hui, Lin Zhang, de l’équipe de Chen-Yu Zhang, a mis en évidence une accumulation d’un microARN dans des cellules humaines, le microARN miR168a.

Rien d’extraordinaire jusque là me direz vous ? Eh bien rappelez-vous le titre de cet article. En fait Zhang a montré, pour la première fois, un transfert d’information génétique entre des cellules végétales (ici le riz) et des cellules de mammifères (homme ou souris). Le plus impressionnant (ou inquiétant selon les points de vue…) c’est que le miR168a végétal va réguler une protéine animale, la LDLRAP1. Cette protéine permet l’évacuation des LDL (lipoprotéines de basse densité) du sang. Or les LDL sont les plus gros transporteurs de cholestérol dans le sang. Une bonne évacuation des LDL par l’organisme, permet de diminuer le taux de cholestérol. Le miR168a va bloquer l’action de la protéine LDLRAP1 et donc entraîner une augmentation des LDL dans le sang.  

Il a ainsi montré que des souris, nourries uniquement de riz, présentaient un taux de miR168a élevé dans leurs cellules, mais également un taux de cholestérol élevé. 

Voici le commentaire de Chen-Yu Zhang sur Livescience.com : « Cette découverte fait forcément réfléchir. Elle met en évidence le fait que, outre le fait de manger du «matériel » sous forme de protéines, de carbohydrates…, vous mangez également de « l’information » ».

Cet article apporte un nouvel élément dans le débat des OGM. En effet jusque là on pensait que l’information génétique présente dans les végétaux ne pouvait pas être transmise à l’homme. Or cet article peut laisser penser le contraire. Cependant, ces résultats restent à confirmer par d’autres études sur cette nouvelle interaction Homme/végétal.

Loin de moi l’idée de rentrer dans le débat, c’est pourquoi vous trouverez ci-dessous, des liens vers un site plutôt favorable aux OGM, créé par les professionnels des semences et de la protection des cultures, et un site plutôt contre, celui de Greenpeace.

Pour en savoir plus :

Illustrations : Wikipédia