Ces dernières semaines, le monde
scientifique qui gravite autour de la génétique a été grandement secoué.
Tout d’abord, mi-août, des
chercheurs d’Harvard ont réussi à copier un livre, de génétique, en ADN. Ce
livre contenait 53 426 mots, 11 illustrations et 1 programme JAVA. Au lieu d’utiliser
le système binaire informatique (1 0), les chercheurs ont utilisé pour coder ce
livre le système quaternaire A, T, C et G de l’ADN. Ils ont alors synthétisé, de
manière complètement artificielle, des morceaux d’ADN contenant des petits
passages du livre. Ces morceaux, tous rassemblés, pesent environ 1 picogramme,
soit 1 trillion de fois moins qu’un gramme !!! Ce système de stockage est
donc devenu le plus sûr (pas de perte d’information avec le temps) et le plus
compact de tous les systèmes déjà existants (disque dur, CD…).
Ensuite, les résultats obtenus
par un projet, nommé ENCODE, ont été publiés.
ENCODE kézako ?
Il s’agit d’un projet de grande
envergure, commencé il y a 5 ans, et regroupant 440 chercheurs dans 32
laboratoires du monde entier. Ce consortium de scientifiques a réussi à annoter
80% du génome humain. L’annotation consiste à déterminer le rôle des différentes
séquences du génome. Pour cela, ils ont effectué plus de 1500 expériences
différentes sur plusieurs types de cellules. Un travail énorme !
Le livre entier est contenu dans ce petit tube... |
Alors que le génome n’a presque
plus de secret pour le scientifique, c’est le moment de faire un petit retour
en arrière sur la découverte de l’ADN. Je vous propose donc une petite série d’articles
sur l’histoire de l’ADN.
Friedrich Miescher, l’homme qui posa la première pierre
En 1869, Friedrich Miescher,
brillant scientifique suisse, découvre ce qu’il appelle « la
nucléine » (l’ADN d’aujourd’hui). Il l’isole, pour la première fois, à
partir de leucocytes (globules blancs) puis retrouve cette molécule dans
d’autres cellules telles que des cellules du rein, du foie, de levure, ou
encore d’œuf de poule. « Un nouveau
facteur a été découvert. Ce dernier semble être essentiel à la vie du plus
basique au plus évolué des organismes » conclut-il dans une lettre
adressée à ses proches.
Miescher se tourne ensuite vers
l’analyse du sperme de saumon. Il remarque alors la présence d’une quantité
importante de « nucléine » dans ces cellules. Dans une lettre
adressée à son collègue Rudolf Boehm, il expose l’hypothèse qu’il a tiré de son
observation : « Au bout du
compte, j’ai l’intuition que « la nucléine » n’est pas uniquement
utile pour la physiologie du sperme mais qu’elle joue un rôle beaucoup plus
important »
1er tube contenant de l'ADN du sperme de saumon extrait par Miescher. © Alfons Renz, University of Tübingen, Germany.
Malheureusement, avec les
connaissances scientifiques de l’époque, Miescher n’a pas réussi à concevoir
que « la nucléine » puisse à elle seule expliquer la différence
physique entre les individus et entre les différentes espèces animales. Il
arrive donc à la conclusion, erronée, que le mouvement particulier du spermatozoïde
ou « l’activation de l’ovocyte par
une impulsion nerveuse, lui conférant des propriétés physiques et chimiques
différentes » étaient responsables de l’hérédité.
En 1874, il publie un article
dans lequel il accumule des preuves contre le fait que « la
nucléine » est responsable de l’hérédité. Ceci entraîne la chute de
nombreux autres scientifiques qui s’étaient concentrés sur cette molécule et
avaient trouvés des résultats plutôt intéressants. La communauté scientifique
entière perd alors la foi en l’ADN.
Comment les scientifiques sont revenus sur l’ADN ? Qui a utilisé pour la première fois le mot « gène » ? Comment ont-ils réussis à lier l’ADN et l’hérédité ? Suite au prochain épisode…
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