Dans notre ADN, nous avons des
gènes dits « suppresseurs de tumeurs ». Dans de nombreux cancers, ces
gènes sont bloqués ou carrément supprimés. Dans ce dernier cas, d’autres gènes
se trouvant autour de ces « suppresseurs de tumeurs » peuvent
également être dégradés : on parle de dommages collatéraux. Alors que la
plupart des traitements anti-cancéreux actuels se focalisent sur ces gènes
supprimés ou modifiés, le professeur
Muller s’est concentré sur « les dommages collatéraux pour identifier de
nouvelles cibles thérapeutiques. » Pour cela, il a travaillé sur des
cellules de glioblastome (type de tumeur du cerveau le plus létal) et s’est
rendu compte que dans la plupart de ces cellules, le gène ENO1 était supprimé.
Le gène ENO1 se situe dans une
zone où sont présents plusieurs gènes « suppresseurs de
tumeur ». Les gènes ENO permettent
de produire une protéine (enolase) qui convertit le sucre en énergie, fonction
essentielle pour les cellules cancéreuses. Il existe 2 autres gènes ENO (ENO2
et ENO3). Dans le cerveau, ENO1 (présent sur le 1er chromosome) est
fortement exprimé tandis que le gène ENO2 (présent sur le chromosome 7) l’est
plus faiblement.
La fonction de ces gènes étant
essentielle pour la cellule cancéreuse, cette dernière peut supporter la
perte d’un des 2 gènes mais pas des 2 en même temps. Etant donné que dans les
cellules cancéreuses du glioblastome, le gène ENO1 n’est plus présent, on aura
une très faible quantité de protéine enolase, produite uniquement par le gène
ENO2 (cf figure 1).
Les chercheurs ont utilisé une drogue bloquant la
protéine enolase (la PHAH). Ainsi les cellules cancéreuses (contenant peu
d’enolase) ont été détruites tandis que les cellules saines, contenant une
quantité plus importante d’enolase (produite par ENO1 et ENO2), n’ont pas été
affectées par la drogue (cf figure 1).
La drogue PHAH ne peut pas être
utilisée chez l’Homme car elle ne peut pas pénétrer correctement à l’intérieur
de la tumeur pour tuer les cellules cancéreuses. D’autres drogues ayant le même
effet sont en cours de développement.
« Ces délétions collatérales
se retrouvent dans d’autres types de tumeurs et concernent des centaines de
gènes différents. On peut donc penser que ce modèle de recherche peut être
appliqué pour développer d’autres traitements personnalisés » concluent
les auteurs.
Pour en savoir plus :
-
Article scientifique sur nature : http://www.nature.com.gate2.inist.fr/nature/journal/v488/n7411/full/488284a.html
-
Article dans sciencedaily : http://www.sciencedaily.com/releases/2012/08/120815131135.htm
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