vendredi 27 juillet 2012

Comment la science prédit les résultats des Jeux Olympiques de 2012


Durant les quinze prochains jours, on entendra souvent ce genre de conversation autour d’un café :
- « Tu penses que c’est Usain Bolt qui va gagner le 100m ? »
- « Non je pense qu’il sera battu cette année…Je vois bien Blake gagner »

Après avoir lu cet article vous pourrez ajouter votre grain de sel à ce débat fort passionnant : « Moi je vous parie que le vainqueur du 100m aura couru en 9,63sec ! » Comment pourriez-vous le savoir ? 

Un chercheur de l’université de Tarragone en Espagne, Filippo Radicchi, a publié un article, dans le magasine scientifique PlosOne début juillet, dans lequel il prédit les performances des futurs champions olympiques dans plus de 50 disciplines. Pour cela, il a étudié la progression des résultats obtenus par les médaillés d’or au cours des 26 premiers Jeux Olympiques d’été. Il s’est alors rendu compte que cette progression suit une loi de probabilité dite loi normale et tend vers une valeur indépassable.

A partir de cette observation, il a pu prédire les résultats que les athlètes obtiendront probablement au cours des JO 2012 mais également au cours des prochains JO : par exemple, le vainqueur du 400m homme aux JO de Londres devrait courir en 43,62 sec environ (à + ou – 0,41 sec) et  le vainqueur du 400m homme aux JO de 2024 devrait courir en 43 sec environ (soit 0,18 sec en dessous du record du monde).

     Tableau tiré de l’article de Plos One, décrivant quelques résultats possibles pour les JO 2012. A vos paris !

Bon évidemment on n’est pas près de voir un coureur gagner le 100 m en 8,28sec. Il faudra déjà attendre 2020 pour avoir 50% de chances de voir un athlète passer en dessous de la barre des 9,50 sec aux 100m. Pour le marathon, il faudra attendre 2030 pour voir un coureur finir les 42,195km en moins de 2h (le record du monde actuel est de 2h03min et 38sec).

Dans son article, Radicchi a également calculé la probabilité que le record du monde de la discipline soit battu au cours des JO 2012, pour plusieurs épreuves. Selon lui, on a de grandes chances de voir de nouveaux records mondiaux dans les épreuves de 1500m nage libre masculin et 800m nage libre féminin (71 et 76% respectivement). Concernant l'athlétisme, la course du 110m haie homme à une chance sur deux de finir par un nouveau record tandis que pour le 100m masculin, cette probabilité descend à 35%. Enfin il ne prédit aucun nouveau record pour le 400m féminin et le 100m nage libre féminin.

Bien sûr tout ceci reste des statistiques et il faut prendre en compte tous les événements extérieurs qui peuvent influencer le résultat comme la météo par exemple, les blessures…A vous de jouer à Paul le poulpe avec vos amis maintenant (ou de faire chauffer voter porte-monnaie auprès des bookmakers londoniens…) et de regarder les JO bien calé dans votre fauteuil !

Pour en savoir plus :

   - Article Plos One : 



mardi 12 juin 2012

Darwin - le débat continue (2ème partie)


Ah la théorie de l’évolution ! Elle en a fait couler de l’encre au fil des ans. Dans mon article précédent, je me suis arrêté au débat d’Oxford de 1860 qui opposait le créationniste Wilberforce au darwiniste T.Huxley.  Je vais vous parler aujourd’hui d’une lettre écrite par plusieurs chercheurs en 1973 et publiée dans le magasine scientifique Science, puis dans un second temps j’évoquerai la manière dont l’image et la théorie de Darwin sont utilisées de nos jours.

Un des articles les plus révélateurs de l’intensité du débat sur la théorie de Darwin, a été publié en 1973 dans la revue scientifique Science. Dans cet article, de nombreux chercheurs expliquent leurs positions et leurs points de vue. E.C Lucas, chercheur à Oxford, explique qu’ « aucune théorie sur l’origine des espèces (créationnisme ou évolutionnisme) n’est scientifiquement prouvable » mais que « la théorie créationniste qui accepte l’apparence graduelle de la vie » ainsi que « la création de plusieurs espèces en même temps (et non pas une évolution à partir d’un ancêtre commun) (…) est aussi acceptable que le néo-darwinisme. »

Gianna Oscuro, de l’université de San Diego en Californie, renchérit de manière assez provocatrice en préconisant que « les deux théories doivent être enseignées de manière égale et imprimées dans toutes les nouvelles bibles, dans des colonnes parallèles. »  John H. Moore, quant à lui, est plus critique envers les créationnistes, et considère que « la théorie sur l’origine de l’Homme, qui était auparavant adaptée à des pasteurs nomades, ne peut plus être adaptée pour le 20ème siècle. La théorie scientifique n’est certes pas parfaite mais sera encore utilisée dans plusieurs centaines d’années.»

Enfin D.E Martz, du département de physique à Angwin, en Californie, profite du fait qu’il est non biologiste pour calmer le jeu. « La théorie des créationnistes n’est peut être pas scientifique (…) mais je ne peux pas penser que la plupart des modèles présentés par mes confrères biologistes soient moins spéculatifs. Une des bases fondamentale de la science est de permettre à des points de vues opposés d’être entendus (…) les créationnistes ont fait l’erreur d’essayer d’imposer leur théorie dans les années 1920 ; les évolutionnistes ne doivent pas faire cette erreur dans les années 1970 »

Et le débat continue encore de nos jours : il suffit d’effectuer quelques recherches sur internet pour se rendre compte que créationnistes et évolutionnistes se font toujours une guerre de tranchée (cf liens en fin d’article).

L’image de Charles Darwin s’est quand à elle grandement démocratisée et la théorie de l’évolution a été reprise à de nombreuses sauces en passant des Simpson (vidéo 1) à une publicité pour Saturn mettant en scène l’évolution de la technologie selon Darwin (lien). Et on n’oublie pas les fameux Darwin Awards récompensant la mort la plus stupide de l’année, permettant ainsi « d’améliorer le patrimoine génétique humain ». Bonne dégustation.
La théorie de l'évolution selon les Simpson, avec un magnifique exemple de contre-évolution avec Moe

Pour en savoir plus :

-          Article « Creationism and Evolutionism » - Science : http://www.sciencemag.org/content/179/4077/953.1.full.pdf?sid=ae55bb37-6fb6-4920-9a37-dbe60c317540

-          Darwin Awards : http://www.darwinawards.com/

samedi 19 mai 2012

Liens science et société à l'université de Lyon

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler dans cet article d’une expérience personnelle.

L’université de Lyon (regroupant les 18 établissements d’enseignement supérieur et de recherche de Lyon-St Etienne) a mis en place depuis plusieurs années des modules de formation à destination des jeunes doctorants. Ces cours permettent de s’ouvrir  au monde du travail, d’acquérir de nouvelles compétences ou de préparer notre avenir professionnel.
Le service Science et Société de l’Université de Lyon et le service des Etudes doctorales de l’Udl ont orienté certains modules autour de la création d’un lien entre le monde scientifique et la société. Souvent, au cours de discussion avec des personnes croisées dans la rue ou en regardant les informations, je me rends compte que le monde de la recherche est souvent mal connu, parfois idéalisé et que de nombreuses fausses informations sont véhiculées (exemple récent sur mon dernier article : image 1). Je me suis donc, depuis quelques temps déjà, intéressé à ce lien entre scientifiques et non scientifiques ; c’est pourquoi j’ai suivi deux modules de formation « Science et société » depuis le début de ma thèse et créé ce blog il y a maintenant 8-9 mois, avec pour objectif de comprendre les mécanismes pour rendre le monde de la recherche accessible à tous.

Une sur Fox News...ou comment l'exagération médiatique peut nuire à la science.

Assez parlé de moi. Dans cet article, je vais vous parler de la dernière formation à laquelle j’ai participé, formation menée avec brio par Mélodie Faury, Davy Lorans et Pauline Lachappelle, tous trois membres du service Science et Société. Comme indiqué sur son site internet (lien à la fin de l’article), le service Science et Société est un lieu « d’expérimentation et de modélisation de nouvelles formes de médiation culturelle des sciences et de dialogue avec les différents acteurs de la société ».

En quoi a consisté cette formation ?

Un des objectifs principaux de cette formation a été la présentation des différents acteurs de la société et notamment autour d’un débat sur l’homéopathie proposé par Jean-Philippe Neuville, maître de conférences en sociologie à l’INSA de Lyon. Ce débat a été organisé comme un jeu de rôle, où chacun devait se mettre dans la peau d’un acteur de la polémique. Ceci nous a permis de pouvoir cerner et pourquoi pas comprendre les différents points de vue des personnes impliquées (patients, médecins, labo pharmaceutique…) et m’a personnellement inspiré pour l’article sur l’homéopathie. Nous avons également rencontré Pablo Jensen, fondateur des cafés sciences sur Lyon, qui est revenu sur son expérience avec un peu de nostalgie. Les cafés sciences, pour ceux qui ne connaissent pas, sont des débats scientifiques menés au sein d’un café et accessibles à tous. C’est une manière très intéressante de pouvoir aborder des polémiques ou poser des questions à des spécialistes du sujet. D’ailleurs des cafés sciences sont parfois organisés par le service Science et Société, notamment au cours du projet « Et si on en parlait ? » mené par Pauline Lachapelle. A l’automne 2011, des « cafés sciences et images » avaient été organisés autour du thème « Cerveau, sexe, gènes…sommes-nous vraiment programmés ? » (exemple d'atelier en vidéo). Cette année, le thème du projet est « Alimentation : quels défis nous attendent ? ». Vous trouverez le programme en suivant le lien en fin d’article.


Enfin, nous avons abordé un autre projet au cours de cette formation : la « Boutique des sciences ».
Qu’est ce que la « Boutique des sciences » ?
La première fois que j’ai entendu ce terme, j’ai imaginé un magasin vendant des kits de petits chimistes ou des microscopes pour enfants. Bien sûr j’avais tort !
En fait il s’agit d’un projet, mené par Davy Lorans, permettant de créer un lien entre des chercheurs et des associations confrontées à une problématique scientifique. L’exemple que nous avons étudié au cours de la formation et le suivant : une MJC a créé des jardins partagés dans un quartier proche d’une autoroute. Les membres de l’association aimeraient savoir si ils peuvent consommer les fruits et légumes qu’ils récolteront, si la terre n’est pas trop polluée, mais ils aimeraient également connaître l’impact de ses jardins sur le lien social dans le quartier. Le but de la boutique des sciences est de reformuler ces questions afin de monter un projet avec des chercheurs. Bien sûr il faut que cette question intéresse le laboratoire dans son projet de recherche car les associations ne payent rien et les fonds de recherche étant de plus en plus limité, il est parfois dur de trouver des chercheurs volontaires. Cependant, je pense qu’il est important de créer des liens de cette sorte entre la société civile et les chercheurs. En effet, cela permettra de désacraliser le chercheur qui est  également un citoyen et un civil, mais également cela permettra aux gens d’avoir des réponses scientifiques concrètes sur leurs problèmes.

Pour conclure, ces modules de science et société, adressés à de futurs chercheurs, sont, à mon sens, essentiels. De nos jours, je pense que la séparation scientifique/non scientifique doit être réduite de plus en plus ; les enjeux de la recherche étant de plus en plus importants.

Pour en savoir plus :

-          Site du Service Science et société de l'Université de Lyon : http://www.universite-lyon.fr/science-societe/science-societe-128971.kjsp

-          Blog du projet « Et si on en parlait ? » : http://etsionenparlait.hypotheses.org/

-          Article sur la boutique des sciences : http://www.universite-lyon.fr/science-societe/shopping-particulier--163600.kjsp